Lucien Levy Dhurmer,Pastel 1917

Depuis 1916, la guerre est entrée dans sa phase apocalyptique. Après les boucheries des batailles de Verdun & de la Somme, le général Nivelle élabore un nouveau plan d’attaque : « Le chemin des dames » ou en seulement quelques semaines près de 200 000 soldats Français perdront la vie. Le point de rupture tant dans l’armée que chez les populations civiles est désormais atteint. La liste des veuves et des orphelins s’amoncelle ; Les mutilés, aveugles et autres gueules cassées déferlent dans les villes et les campagnes. L’horreur est à son paroxysme.

De nombreux artistes se mobilisent alors pour venir en aide à une population (Soldats et civils) au bord de l’abîme.

Ainsi, l’un des plus grands pastelliste des 19^ème et 20^ème siècles répond à l’appel du « Foyer du soldat aveugle » dont l’action est de venir en aide aux soldats blessés et à leur famille. (La vente se déroulera en mai & juin 1917 à Paris, dans la Galerie Georges Bernheim)

Au sommet de son art, Lucien Levy Dhurmer est considéré comme l’un des grands maître du symbolisme ésotérique, fortement influencé par le courant artistique préraphaélite*. Le sujet est donc à la hauteur de ses aspirations. Il donne naissance à sa « bienveillante ».

Telle une divinité enveloppée d’une lumière céleste, elle semble nous délivrer un message. Elle apparaît comme la madone, pleine de compassion et de générosité, de tristesse aussi. Elle tente d’élever nos consciences et d’annihiler nos souffrances. Elle est le trait d’union entre les morts et les vivants et incarne l’espérance. Au delà des yeux, elle parle à nos nos âmes.

Plusqu’un tableau, ce portrait est une page d’histoire. Il restera comme un vibrant récquisitoire contre la guerre.

* Préraphaélite :  Les préraphaélites avaient, entre autres, pour dessein de rendre à l’art un but fonctionnel et édifiant : leurs œuvres avaient pour fonction d’être morales. Le but de ces artistes était de s’adresser à toutes les facultés de l’Homme : son esprit, son intelligence, sa mémoire, sa conscience, son cœur… et non pas seulement à ce que l’œil voit. Les préraphaélites aspiraient à agir sur les moeurs d’une société qui, à leurs yeux, avait perdu tout sens moral depuis la Révolution industrielle.